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Reconnaissance cantonale: avantages et risques

Le RES se réjouit des démarches en cours en vue de la reconnaissance d’intérêt public des communautés évangéliques par les autorités cantonales, notamment dans le canton de Vaud où la Fédération évangélique vaudoise (FEV) a déposé sa demande au mois d’avril 2019. Il respecte et reconnaît aussi les choix et les avis différents qui existent parmi ses membres sur cette question. Dans ce contexte, la Commission théologique du RES a analysé les pour et les contres d’une reconnaissance d’intérêt public pour les Eglises évangéliques. Rédigée par le pasteur et théologien Marc Schöni, ce document souhaite alimenter une réflexion sereine et posée au sein des Eglises concernées par cette question.

Face aux nombreuses questions qui traversent les Eglises évangéliques autour de la question du rapport entre les communautés religieuses et les Etats cantonaux, le Conseil du RES a mandaté sa Commission théologique à rédiger un document contribuant à soutenir et accompagner sereinement ce débat. Avant de peser les arguments en faveur ou en défaveur d’une reconnaissance cantonale, la Commission théologique  commence par un constat, à savoir que nous assistons aujourd’hui à deux phénomènes nouveaux et concomitants. D’une part, le paysage religieux suisse révèle une nouvelle donne : le christianisme (dans toutes ses composantes) n’est de loin plus la religion unique ou quasi-unique dans notre pays, et les Eglises financées par les Etats cantonaux voient le nombre de leurs fidèles diminuer. D’autre part, dans un climat général d’inquiétude vis-à-vis de l’extrémisme religieux émerge dans l’opinion publique une attente de contrôle du religieux par l’Etat. C’est dans ce contexte, que se pose la question d’un nouveau régime juridique pour les minorités religieuse et qu’apparaît dans plusieurs cantons la possibilité d’une reconnaissance d’intérêt public.

L’injonction biblique : soumission aux autorités et obéissance à Dieu

Le document rappelle ensuite les enjeux théologiques et la tension qui existe entre d’une part, un principe général de soumission et de loyauté aux autorités (voir par ex. Rm 13.1-7) et de l’autre, les cas de figures exceptionnels où priment le principe d’une obéissance ultime à Dieu plutôt qu’aux hommes (Ac 5.29). Ceci nécessite que chacun établisse les « lignes rouges » que, le cas échéant, il refuserait de franchir.

Une portée symbolique considérable

La Commission théologique analyse ensuite les arguments en faveur d’une reconnaissance et les objections à une telle démarche. Pour les premiers, au-delà de quelques avantages concrets et non négligeables qui sont listés, comme par exemple dans le domaine de l’aumônerie d’hôpitaux, d’EMS et de prisons, c’est surtout la dimension symbolique de la reconnaissance qui est mise en avant. La reconnaissance pourrait offrir aux évangéliques un statut et une visibilité qui renforce leur témoignage et leur présence dans la société. De plus, les valeurs chrétiennes ne doivent pas être vécues de manière exagérément discrète. Enfin, ne convient-il pas que les Eglises évangéliques saisissent cette chance pour que leur position juridique corresponde un peu mieux à leur force réelle en termes de fidèles confessants et engagés ?

La nécessité de maintenir une saine séparation

La Commission passe ensuite en revue les objections à une reconnaissance, rappelant que plusieurs membres du RES ont exprimé une réticence à entrer dans une telle relation avec l’Etat. Pour eux, il est préférable de garder la plus grande indépendance possible vis-à-vis de l’Etat. Pour satisfaire aux conditions de l’Etat, la liberté de parole et d’action de l’Eglise ne serait-elle pas réduite ? Le document se termine ensuite par une série de recommandations et propose notamment une réflexion sur les lignes rouges que l’Etat ne devrait en aucun cas franchir, par exemple sur la question de la liberté de choisir les personnes exerçant un ministère, la liberté de parole ou encore en termes de liberté dans les modes de financement. Pour finir, la Commission invite les Eglises à rester unies et à ne pas se laisser diviser par ce débat et des opinions divergentes.

> Réflexions sur l’évolution des rapports entre Eglise et Etats cantonaux – Commission théologique RES (Marc Schöni)

> A consulter également sur ce sujet: le dossier complet des articles de la Free.info  consacrés au dossier de la reconnaissance des communautés religieuses dans le canton de Vaud