FAQ - les évangéliques
Qu’est-ce qui caractérise la foi évangélique ?
Trois caractéristiques essentielles résument la foi évangélique (selon une définition proposée par le sociologue David Bebbington) :
1) Un profond attachement à la Bible. Elle est la Parole de Dieu. Elle est la référence de la foi évangélique. Elle représente l’autorité pour toutes les questions relatives à la vie.
2) C’est par une conversion personnelle et délibérée à Jésus-Christ que l’on devient véritablement chrétien. C’est l’idée d’une « nouvelle naissance » par un acte de foi libre. On ne naît pas évangélique, on le devient par choix personnel et engagement individuel. C’est ce qui explique l’importance accordée au baptême d’adulte. Celui-ci est l’expression publique d’une foi vécue et assumée, à l’opposé d’une simple tradition.
3) Chaque évangélique entend répandre l’Évangile autour de lui, en parole et en actes. L’universalité du message de l’Evangile signifie qu’il est important, pour les chrétiens évangéliques, de le faire connaître autour d’eux dans le respect de la liberté individuelle de chacun. On parle aussi parfois de « mission intégrale » où l’on tient compte de l’ensemble des besoins de la personne, y compris ses besoins spirituels. On considère alors que proclamation de l’Evangile et l’implication sociale sont intimement liés.
S’ajoutent d’autres éléments importants : la place centrale attribuée à la mort de Jésus-Christ sur la croix et à sa résurrection, la ferveur de la spiritualité.
Les chrétiens de conviction évangélique membres du RES adhèrent à une confession de foi commune. Tous se définissent comme évangéliques au-delà de leur Eglise locale, des différentes étiquettes ou dénominations.
Quelle place les évangéliques accordent-ils à la Bible ?
Si les évangéliques ont la Bible pour norme, ils ne considèrent pas que tout texte biblique doit être interprété de manière littérale stricte. Un texte poétique ne sera pas lu de la même façon qu’un texte historique. Autre exemple, la Bible, qui n’est pas un livre scientifique, débute par un récit de la création et affirme à de très nombreuses reprises que Dieu est le Créateur de l’Univers. Or, si tous les chrétiens évangéliques reconnaissent que Dieu est le créateur, leurs avis divergent sur la valeur scientifique à donner au récit de la Création… Les évangéliques s’attachent avant tout aux enseignements importants confirmés par la Bible dans son ensemble. Ils reconnaissent que des affirmations plus isolées, et donc de moindre importance, sont d’interprétation incertaine.
La Bible est néanmoins considérée comme source unique d’autorité, c’est une caractéristique de premier plan dans la foi protestante évangélique. L’autorité de la Bible s’exerce dans le domaine de la foi et s’étend à tous les aspects de la vie : morale personnelle, choix éthiques, valeurs…
La Bible occupe habituellement une place prépondérante dans la spiritualité évangélique, c’est elle qui nourrit la foi des croyants. La lecture personnelle quotidienne est encouragée. La lecture publique pendant le culte, les études bibliques constituent la colonne vertébrale de la vie des Eglises évangéliques.
Pensent-ils qu'il y a une vérité unique?
Les évangéliques n’ont pas le monopole de la vérité et ils le savent. Cependant, ils croient à l’existence d’une vérité unique et absolue, celle de Jésus-Christ qui, parlant de lui-même dit : « Je suis le chemin, la vérité et la vie, nul ne vient au Père que par moi… » (Jean 14.16). Pour les évangéliques, la vérité ne peut être la propriété d’aucune Eglise ni d’aucun groupe humain. C’est pour cette raison que le RES cherche à s’exprimer avec humilité et respect quand il se positionne publiquement et qu’il se montre ouvert au dialogue envers tout interlocuteur de bonne volonté.
Sont-ils tolérants envers les autres religions ?
Contrairement à une idée reçue, une conviction religieuse forte ne conduit pas inévitablement à l’intolérance. Les évangéliques souhaitent témoigner de leurs croyances, en suivant l’enseignement et l’exemple du Christ qui les enjoint à « aimer son prochain comme [soi]-même » (Matthieu 22.39). Cette volonté de l’amour induit le respect de l’autre et de ses convictions. Il exclut toute violence et ne laisse pas de place au fanatisme. Ils n’ont nullement l’intention d’imposer leurs croyances à autrui.
Ceci conduit le RES a être ouvert au dialogue avec les autres communautés religieuses, dans le respect des différences.
Les évangéliques sont-ils conservateurs ou modernes ?
La réponse dépend du contexte sociétal en général et du thème abordé en particulier. Les évangéliques maintiennent des positions de morale personnelle fermes dans leur principe : mariage réservé aux couples hétérosexuels, protection de la vie jusqu’à la mort naturelle… tout en développant l’accueil de chaque être humain dans sa situation singulière.
Cependant les évangéliques puisent dans le message de la Bible, des valeurs d’une incontestable modernité. Le respect de l’être humain, quelle que soit son origine, considéré comme créature de Dieu, a pour eux des implications concrètes : actions sociales et humanitaires, lutte contre les discriminations, etc. Ils manifestent un intérêt grandissant pour les questions liées à l’écologie et à une économie respectueuse de la dignité de l’homme.
Les évangéliques n’hésitent pas non plus à adapter les formes de leur culte à la culture qui les environne. Parmi les membres du RES, on trouve donc des styles très variés dans la manière de vivre cette foi en communauté, qui peuvent aller de formats traditionnels à des formats très modernes.
Les évangéliques et le "péché": culpabilisation ou libération ?
L’Evangile repose sur l’offre de Dieu d’un pardon gratuit accordé à qui reconnaît qu’il est « pécheur », c’est-à-dire qu’il manque la cible d’une vie parfaitement juste que Dieu est en droit d’attendre de lui. Ainsi le message évangélique, exigeant par nature, est en réalité libérateur. De nombreux évangéliques témoignent de la joie d’être pardonnés et déchargés de toute culpabilité. Dans leur théologie, la centralité de la croix et l’œuvre de Jésus sont fondamentales. « Pour les protestants évangéliques, il n’y de christianisme authentique sans cette doctrine qui constitue à leurs yeux la clef de voûte de l’histoire du Salut. » (Du ghetto au réseau. Le protestantisme évangélique en France 1800-2005, Sébastien FATH, Labor et Fidès, 2005, page 33).
Par ailleurs, les évangéliques aiment la vie d’autant plus qu’elle est pour eux un don de Dieu. La fête et la joie sont au cœur de l’Evangile. D’ailleurs, la Bible parle, pour décrire les évènements de la fin des temps, d’un gigantesque banquet nuptial ! Souvent le public est attiré par la chaleur et la convivialité des Eglises évangéliques.
Quelle est la différence entre conversion et baptême?
La conversion personnelle, c’est un « changement personnel suite à une expérience religieuse, la conversion s’interprète chez les protestants évangéliques comme un processus […]. L’individu reconnaît Jésus-Christ comme son « sauveur » mort pour ses péchés et ressuscité pour son salut. Cette étape s’accompagne de la repentance (regret du mal commis) et d’un choix d’obéissance (« suivre Jésus »), engendrant une reconfiguration globale de l’itinéraire biographique du converti. » (Le protestantisme évangélique, un christianisme de conversion, sous la direction de Sébastien Fath, Éditions Brepols, 2004, page 335).
À quelques rares exceptions, les évangéliques manifestent ensuite leur conversion par le baptême reçu à l’âge adulte. Ils ne baptisent généralement pas leurs enfants pour leur conserver la liberté de choix lorsqu’ils seront capables de décider par eux-mêmes.
Les évangéliques sont particulièrement attachés à la notion de liberté de croyance pour tous. Le partage de la foi, appelée « évangélisation », se veut donc toujours respectueux des convictions d’autrui. Le RES prend régulièrement position en faveur de la liberté religieuse, en Suisse et dans le monde. Il accueille par ailleurs un bureau de l’Alliance évangélique mondiale à Genève, afin de faciliter la représentation des évangéliques à l’ONU et y défendre notamment la liberté religieuse.
L'évangélisme: un phénomène récent?
Le courant évangélique a déjà cinq siècles d’histoire. Ses racines remontent au début du protestantisme, au XVIème siècle, avec en particulier la Réforme radicale et le courant mennonite qui existe aujourd’hui encore et dont les communautés sont membres du RES. Au fil des siècles suivants, en particulier suites aux différents Réveils du XIX et XXèmes siècles, de nombreuses dénominations ont été crées, développant chacune leurs particularités formelles ou doctrinales. Toutes se reconnaissent aujourd’hui encore dans l’héritage de la Réforme, parfois résumé dans les 5 soli:
- Sola gratia: Le salut est une grâce, un cadeau, une faveur imméritée que Dieu nous offre.
- Sola fide: c’est par la foi, et non par des mérites, que Dieu nous accorde son pardon.
- Sola scriptura: la Bible est l’unique autorité pour définir la foi du croyant.
- Solus Christus: Christ est l’unique chemin de salut.
- Soli deo gloria: a Dieu seul la gloire, car c’est lui qui prend l’initiative de nous réconcilier avec lui.
On parle parfois d’un « phénomène » évangélique, parce que celui-ci connaît une forte croissance à travers le monde. On compte aujourd’hui plus de 600 millions d’évangéliques. En Occident, la légère croissance évangélique contraste avec le recul des Eglises « historiques » et interpelle les observateurs des courants religieux.
Les évangéliques ont-ils un agenda politique?
Les évangéliques désirent être de bons citoyens, impliqués dans leurs quartiers et dans le tissu social, économique et associatif du pays. Ils sont attachés à l’indépendance entre l’Eglise et l’Etat, mais à titre individuels, des évangéliques s’engagent en politique. On rencontre des évangéliques dans tous les partis politiques.
Le RES prend position sur certains thèmes politiques, par exemple lors de votations, en consultation avec ses membres. Il s’exprime toutefois de manière ciblé et n’a pas vocation à jouer le rôle d’un parti politique ni à soutenir un parti politique.
Combien d'évangéliques en Suisse?
En Suisse, on compte 250’000 chrétiens de conviction évangélique (3% de la population), dont 42’000 en Suisse romande. Le RES a connaissance de plus de 300 communautés évangéliques établies en Suisse romande, soit environ une communauté pour 7’000 habitants. C’est dans le district du Jura bernois que l’on trouve la plus forte densité d’Eglises, puisqu’on y compte une trentaine de communautés, soit une communauté pour 2’000 habitants.
Dans le monde, sur 2,2 milliards de chrétiens, plus de 600 millions sont évangéliques. En Europe, on estime leur nombre à près de 20 millions.