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Quelles relations avec l’Eglise catholique romaine?

Le comportement que les évangéliques – et aussi en particulier le RES, ses Eglises et oeuvres membres ainsi que ses fédérations cantonales et sections locales – choisissent d’adopter vis-à-vis de l’Eglise catholique a été marqué par une certaine ambivalence : d’un côté, il a toujours été clair que des différences confessionnelles fondamentales existent depuis le XVIème siècle entre les Eglises issues de la Réforme et l’Eglise catholique romaine malgré tous les efforts de rapprochement. D’un autre côté, il existe différents points de vue sur la forme actuelle que devrait prendre la relation entre les évangéliques (et donc, du RES et de ses membres) et l’Eglise catholique romaine. Alors que certains, se basant sur les différences toujours existantes, adoptent une attitude distante ou même de rejet de l’Eglise catholique romaine, d’autres, malgré les différences persistantes, pensent qu’une collaboration – au moins ponctuelle – est possible, voire nécessaire, compte tenu du témoignage commun à rendre de l’Evangile et compte tenu des commandements divins.

Un catholicisme divers et en mutation
Cette ambivalence est renforcée par la diversité interne et les courants parfois contradictoires qui coexistent au sein même de l’Eglise catholique romaine. Lors de l’assemblée générale annuelle du Réseau évangélique suisse et de la Schweizerische Evangelische Allianz le 20 mai 2017 à Berne (photo), Thomas Schirrmacher, secrétaire général adjoint de l’Alliance évangélique mondiale (AEM) et président de la commission théologique de l’AEM a présenté l’état des contacts institutionnels en cours avec le Vatican. Selon lui, trois courants cohabitent actuellement dans le catholicisme : un courant traditionnel et conservateur, une aile libérale – en recul – et un courant dit « évangélique » en progression (et dans lequel on trouve notamment le mouvement du renouveau charismatique), qui met l’accent sur la mission et la piété personnelle – sans pour autant remettre en question des dogmes tels que celui de la mariologie. Le pape actuel s’inscrirait dans ce troisième courant.

Une interrogation en Suisse allemande
C’est dans ce contexte que la consoeur suisse allémanique du Réseau évangélique suisse (RES), la Schweizerische Evangelische Allianz, a été interrogée depuis quelques années déjà par quelques-unes de ses sections locales à propos du statut des paroisses catholiques au sein de la SEA. Il faut préciser que cette dernière – à la différence du RES – est un mouvement qui regroupe des Eglises évangéliques mais aussi 30% de paroisses réformées qui se reconnaissent dans une confession de foi évangélique. La SEA n’est pas une faîtière des fédérations évangéliques – c’est Freikirchen Schweiz (VFG) qui assume ce rôle en Suisse allemande. En Suisse romande, ces instances ayant fusionnée au sein du RES, ce dernier compte uniquement des communautés locales évangéliques parmi ses Eglises membres. C’est sur le plan individuel qu’elle accueille aussi des réformés ainsi que quelques catholiques qui se reconnaissent dans sa confession de foi.

Un potentiel de progrès dans la relation
C’est pour répondre à cette demande très pratique que la SEA a élaboré un document de réflexion sur la relation évangéliques – catholiques. Une réflexion qui tombe à pic, après 500 ans de séparation et qui offre l’occasion de faire le point sur cette relation aujourd’hui. Le document s’interroge tout d’abord sur la notion même d’œcuménisme, qui a parfois pris à tort une connotation négative dans le milieu évangélique. Elle rappelle que la division des chrétiens est un scandale et un affaiblissement. Le document invite aussi à s’intéresser aux développements récents de l’ecclésiologie catholique et aux convictions communes entre ces confessions, sans occulter pour autant les domaines qui restent en tension avec la théologie évangélique.  Le document, qui a également fait l’objet d’une consultation auprès de la Conférence des Évêques Suisses, termine par quelques recommandations pratiques.

Pas d’adhésion de paroisses non évangéliques au RES, mais un statut d’observateur
Après avoir consulté sa Conférence des Présidents d’Unions d’Eglises, sa Conférence des délégués des secteurs d’œuvre et sa Commission théologique, le Conseil du RES a adopté une version addaptée du document de réflexion sur la relation évangéliques – catholiques, en tenant compte du contexte et de la réalité institutionnelle romande. Sur la question de la relation entre les paroisses catholiques et les sections locales, le RES propose ainsi d’établir un statut d’observateur là où de telles relations se vivent localement. A la différence de la SEA, le RES n’entrouvre pas l’adhésion de paroisses non évangéliques en son sein. 

Au-delà de cette question pratique, le document invite les membres du RES à une réflexion en profondeur sur cette relation évangéliques – catholiques, à se tenir informés des développements qui traversent l’Eglise catholique, à méditer sur l’unité chrétienne et à la nécessité pour les chrétiens d’apporter un témoignage fort dans un Occident sécularisé.